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le blog de Simon Loueckhote

Une fenêtre sur la Nouvelle-Calédonie : politique, santé, social, éducation, francophonie, économie

Corruption à Vanuatu : les pseudo-graciés sous les verrous

Publié le 16 Octobre 2015 par Loueckhote Simon in Politique étarngère et coopération

PORT-VILA, vendredi 16 octobre 2015 (Flash d’Océanie) –

La capitale vanuatuane Port-Vila a été le théâtre vendredi d’arrestations en masse, visant un groupe de députés reconnus coupables la semaine dernière de corruption, puis graciés dans la foulée par l’un d’entre eux, à la faveur d’un intérim en tant que Président de la République.
Juste avant le lancement de cette opération de police, sans précédent dans l’histoire de cet archipel mélanésien, le Président en titre, Baldwin Lonsdale, de retour dans l’archipel, avait ordonné la révocation de l’amnistie prononcée par Marcelino Pipite, Président du Parlement, qui avait assuré son intérim le week-end dernier.
Les mandats d’arrêt lancés contre 11 des 14 élus reconnus coupables vendredi 9 octobre 2015 de corruption.
Ils portaient cette fois-ci la mention d’un chef d’accusation supplémentaire, à savoir « conspiration en vue de faire obstruction au cours de la justice ».
Trois avocats, soupçonnés d’avoir conseillé le Président du Parlement avant son annonce de gracier les élus coupables, ont aussi été arrêtés vendredi, rapportent les médias locaux.
Des véhicules de police ont été déployés en plusieurs points de la capitale, afin d’appréhender les élus et de les amener au centre pénitentiaire de Port-Vila, où une foule nombreuse de curieux les attendait, rapporte la presse locale.
Aucun incident n’a toutefois été rapporté.
Le week-end dernier, Marcelino Pipite, Président du Parlement de Vanuatu, a profité d’une brève période d’intérim pour assumer les fonctions du Président de la République, en voyage à l’étranger, et décider de gracier 14 députés, dont lui-même, reconnus coupables de corruption.
En sa qualité de Président du Parlement, M. Pipite assume automatiquement les fonctions du Chef de l’État lorsque ce dernier se trouve en déplacement à l’étranger.
Vendredi 9 octobre 2015, au terme de longues audiences, la Cour Suprême de Vanuatu a rendu un verdict prononçant coupables M. Pipite ainsi que 13 autres députés membres de l’Assemblée (52 sièges) dans une affaire de corruption active ou passive.
Parmi les coupables : l’ancien Premier ministre Moana Carcasses, devenu Vice-premier ministre au sein du gouvernement actuel, à la faveur du vote d’une motion de censure, a rapporté la presse locale vendredi 10 octobre 2015.
De nombreuses autres personnalités ont aussi ministres au sein du gouvernement actuel, dirigé par le Premier ministre Sato Kilman.
M. Lonsdale, dès son retour à Vanuatu après un bref déplacement à Samoa, s’était publiquement indigné de cette grâce présidentielle prononcée en son absence.
Il avait, sans équivoque, promis de prendre des mesures afin de « nettoyer la saleté » et rétablir la réputation de Vanuatu et notamment la confiance des investisseurs étrangers.
Trois députés, dont un au centre de l’affaire de corruption, l’ancien Premier ministre (et actuel Vice-premier ministre) Moana Carcasses, Serge Vohor et Steven Kalsakau, n’ont pas été arrêtés vendredi, selon les mêmes sources.
L’annonce par M. Pipite, dimanche 11 octobre 2015, d’exercer, quoiqu’à titre intérimaire, son pouvoir de grâce, avait provoqué un tollé aux plans intérieur et international.
L’association des femmes contre la corruption et le crime à Vanuatu a annoncé en milieu de semaine son intention de manifester dans la capitale, lundi 19 octobre 2015.
À la lumière des dernières mesures prises par le Président Lonsdale, cette marche pacifique devrait désormais avoir pour objet d’afficher un soutien entier au Chef de l’État, a confié vendredi Jenny Ligo, présidente de ce groupe, à Radio New Zealand International.
L’opposition, pour sa part, a déposé en milieu de semaine une motion de censure à l’encontre du Premier ministre Sato Kilman.
Le débat de cette motion pourrait avoir lieu le 21 octobre 2015.
Motif de cette motion : la conduite de plusieurs membres du gouvernement actuel, en lien direct avec l’affaire judiciaire de corruption, suivie des grâces prononcées par M. Pipite.
Plus tôt dans la semaine, plusieurs députés de l’opposition avaient aussi exprimé leur surprise en constatant que des sommes importante avaient été déposées sur leurs comptes bancaires personnels.
Ces sommes émanant du gouvernement, portaient la mention « remboursement cyclone tropical Pam ».
Selon Ham Lini, chef de l’opposition, le versement de ces sommes (dépassant les huit mille dollars US) ne figure à aucun chapitre budgétaire et pourrait par conséquent se révéler illégal.
Ce nouvel épisode dans l’histoire politique chargée de Vanuatu a une nouvelle fois relancé le débat sur la nécessité de toiletter a Constitution actuelle, mise en place lors de l’accession des Nouvelles-Hébrides (condominium franco-britannique jusqu’en juillet 1980).
À l’origine de la condamnation des députés, le vendredi 9 octobre 2015 : d’importantes sommes d’argent remises sous forme de « prêts » aux élus, qui se sont aussi trouvés avoir soutenu la dernière motion de censure en date dans l’histoire politique agitée de cet archipel mélanésien.
La motion avait renversé M. Joe Natuman, alors Premier ministre, qui avait auparavant renversé M. Carcasses par le même procédé de motion de défiance.
Au cours des audiences, M. Carcasses avait adopté une stratégie de défense consistant à affirmer que ces « prêts » aux députés (pour un total annoncé à quelque 35 millions de vatu, soit plus de 275.000 euros) provenaient de ses fonds propres et a démenti en bloc toute notion de pot-de-vin.
La Cour en a décidé autrement en reconnaissant tous les accusés coupables des chefs d’accusation portés à leur encontre et en estimant que le versement de ces sommes avait pour vocation principale d’influencer les élus en vue d’un soutien à la motion de censure contre M. Natuman.
La juge Mary Sey, qui entendait l’affaire avait annoncé qu’elle prononcerait les peines associées à ce verdict le 22 octobre 2015.
Aux termes de la loi, ces peines pourraient atteindre les dix ans de prison.

pad

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