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le blog de Simon Loueckhote

Une fenêtre sur la Nouvelle-Calédonie : politique, santé, social, éducation, francophonie, économie

"Nouméa, la diversité en mouvement" 10 questions à Simon LOUECKHOTE, tête de liste

Publié le 24 Février 2008 par Loueckhote Simon in Politique

  
Simon Loueckhote, pourquoi êtes-vous candidat aux élections municipales de Nouméa ?
Parce que je suis convaincu de porter un projet pour la ville et de fédérer autour de moi toutes les communautés qui font la diversité et la richesse de Nouméa. Et parce que je suis convaincu de la valeur de mon projet.
 
N’est-ce pas paradoxal pour un Loyaltien de vouloir gérer « Nouméa la Blanche » ?
C’est une image qui appartient au passé. J’en veux pour preuve la composition démographique actuelle de la ville, qui est approximativement de 50 % d’Européens, 25 % de Mélanésiens et 25 % de Wallisiens, Futuniens, Tahitiens, Indonésiens, Asiatiques et Antillais.
Ce n’est donc pas plus paradoxal pour un Mélanésien de se présenter à la Mairie de Nouméa qu’à une élection sénatoriale et d’aller siéger au Palais du Luxembourg !
Même si certains clichés ont la vie dure, il n’y aucune raison pour qu’un Mélanésien ne puisse accéder un jour à un poste tel que celui de maire de Nouméa. Mais ne vous méprenez pas : ce qui est essentiel dans cette candidature, c’est que pour la première fois, un Mélanésien non indépendantiste conduise une liste aux élections municipales à Nouméa.
Et puis, bousculer les repères et obliger les gens à se dire « pourquoi pas ? », c’est le rôle d’un homme politique, non ?
Je présente une liste qui est parfaitement représentative de la ville dans laquelle je vis et qui offre une alternative crédible à tous ceux pour qui l’évolution de Nouméa et de la Nouvelle-Calédonie doit se faire dans notre environnement régional, tout en restant profondément ancrée dans la France et dans l’Europe.
 
En quoi votre mandat de sénateur de la République vous a-t-il préparé à briguer le poste de premier magistrat de la commune ?
Les seize années que j’ai passées au Sénat m’ont permis de tisser un réseau de relations et de contacts irremplaçables que je peux mettre aujourd’hui à la disposition de la ville. Toute l’expérience que j’ai acquise au sein de cette assemblée de « sages » m’a beaucoup apporté et me permet d’avoir maintenant un autre regard sur les événements et l’évolution du monde.
Mais ce mandat de sénateur ne constitue pas mes seules lettres de créance pour me lancer dans la bataille des municipales à Nouméa, même si c’est naturellement celui auquel les gens font le plus spontanément référence. J’ai siégé à l’Assemblée Territoriale, puis au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, dont j’ai assuré la présidence pendant 12 ans, juste après la signature des Accords de Matignon et au moment de la signature de l’Accord de Nouméa.
Bref, même si je suis un challenger dans le cadre de cette élection municipale, je peux me prévaloir d’une expérience politique locale et nationale qui me rend parfaitement apte à exercer les responsabilités de maire d’une grande ville.
 
Votre liste s’appelle « Nouméa, la diversité en mouvement ». Expliquez-nous le sens de votre démarche.
Ma démarche est partie du constat que le conseil municipal actuel ne reflète pas du tout la composition démographique de la ville. Sur 49 conseillers, 41 sont européens !
La liste que je conduis est à l’image de cette ville : jeune, multiculturelle, et ouverte. Je l’ai constituée en choisissant des femmes et des hommes représentatifs de la mosaïque des communautés présentes à Nouméa. Tous ont fait preuve d’un certain courage politique en me rejoignant.
Il me semble important que cette diversité, que je perçois comme une richesse, se retrouve de façon proportionnelle au sein du conseil municipal.
Diversité également symbolisée par des jeunes dont certains se mettent en mouvement pour la première fois. De la même façon qu’on m’a donné ma chance, en 1983, alors que j’étais instituteur sur mon île natale, je suis heureux de permettre aujourd’hui à une nouvelle génération de s’engager en politique et de faire ses preuves en se mettant au service de la collectivité.
 
Comment le programme de votre liste a-t-il été élaboré ?
Notre programme est le fruit de longues discussions menées avec les habitants de différents quartiers de Nouméa qui ont bien voulu partager leurs problèmes et leurs visions des choses. Toutes leurs préoccupations ont été recueillies, analysées et une réponse adaptée et réaliste a été élaborée. C’est cette base d’échanges qui constitue le socle du programme de « Nouméa, la diversité en mouvement » : on y retrouve aussi bien les grandes thématiques sur l’avenir de la ville et du pays que des attentes plus spécifiques et plus immédiates directement liées à la vie quotidienne des Nouméens. Nous avons ainsi dès le début de notre campagne intégré les vraies priorités de la population telles qu’elle nous les a exprimées.
 
Quels sont les axes forts de votre programme ?
Parmi les vingt-trois points autour desquels s’articule notre programme, je retiendrai quatre grands thèmes :
  • La protection de l’environnement
La Nouvelle-Calédonie s’est engagée dans un ambitieux programme pour la préservation de son environnement et Nouméa doit être à l’avant-garde de ce combat à travers une meilleure sensibilisation au gaspillage et à la pollution, la mise en place du tri sélectif et un plan d’assainissement digne de ce nom.
  • La lutte contre les inégalités
Nous proposons des politiques sociales qui prennent mieux en compte les attentes des plus défavorisés ; nous nous engageons à développer centres d’accueil et centres médicalisés pour personnes âgées, à faciliter la création de crèches et de garderies et à mettre les transports en commun à la portée des habitants les plus nécessiteux.
  • Le recul de la délinquance
La délinquance juvénile est en hausse et les Nouméens éprouvent de plus en plus un sentiment d’insécurité : la prochaine équipe municipale devra répondre de façon convaincante à ces nouveaux défis. Je propose de renforcer les moyens de la police municipale, notamment par une augmentation de ses effectifs, de revoir l’organisation du service afin que davantage de policiers soient sur le terrain, de généraliser l’installation de caméras de vidéosurveillance. Je propose également de favoriser une meilleure coopération avec la police nationale pour une plus large couverture de la ville et notamment de ses zones sensibles.
- L’attractivité de la ville
Elle est un facteur essentiel de développement économique : valorisation du centre ville, projets culturels et promotion des jeunes talents, aménagements de la ZAC Ferry, les pistes ne manquent pas dans ce domaine pour que Nouméa se donne véritablement les moyens de ses ambitions.
 
La lutte contre la vie chère est au coeur des préoccupations de vos concitoyens. Que peut faire un maire dans ce domaine ?
Il doit tout d’abord dire haut et fort que la lutte contre la vie chère fait bien partie de ses préoccupations et de ses objectifs prioritaires, car n’oubliez pas que Nouméa accueille la moitié de la population calédonienne !
Avec un PIB par habitant situé tout juste derrière celui de l’Australie et devant celui de la Nouvelle-Zélande, avec un taux de croissance voisin de 7%, la Nouvelle-Calédonie fait partie despays développés. Elle présente cependant, à certains égards, les caractéristiques d’un pays sous-développé, et le phénomène des squats en est sans doute l’illustration la plus frappante.
Cette situation paradoxale se manifeste également par de très fortes inégalités sociales, un coût de la vie trop élevé qui pénalise les foyers les plus modestes et une fracture sociale dont on mesure aisément où elle risque de nous mener.
C’est maintenant qu’il faut agir, car toutes les conditions sont réunies pour que des réformes en profondeur soient engagées : nous ne sommes que 250 000 habitants, notre économie est florissante et le chômage est encore maîtrisable. Mais nous devons faire preuve de courage politique, et j’estime que dans ce domaine comme dans tant d’autres, Nouméa doit montrer l’exemple et doit être à la pointe du combat.
 
Si vous êtes élu maire de Nouméa, quelles méthodes appliquerez-vous dans la gestion municipale ?
J’ai l’esprit d’équipe et je veux associer à la gestion municipale toutes celles et tous ceux qui sont à mes côtés et qui m’ont aidé à mettre au point mon programme. Je voudrais également instaurer une vraie collégialité avec tous les élus de bonne volonté, car je pense que c’est la seule façon d’aborder les défis politiques qui sont devant nous.
Il y a sur Nouméa un nombre impressionnant d’associations à but non lucratif et j’aimerais que toutes les idées, toutes les énergies que dégagent les membres de ces associations puissent remonter vers la mairie et y trouver une oreille attentive.
A cette période si particulière de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, à mi-chemin du processus prévu par l’Accord de Nouméa, l’équipe municipale ne peut pas se replier sur elle-même : elle doit voir plus loin que le bout de ses faubourgs et être partie prenante dans les grands débats du moment.
La ville a un rôle moteur à jouer pour faire de ce pays une terre d’accueil et de progrès, une terre d’harmonie entre les communautés et une terre de prospérité.
Je voudrais dire également toute la confiance que j’éprouve envers le personnel municipal dont je connais le dévouement et le sens du service public : si je suis élu, je veux restaurer un dialogue de qualité avec les organisations représentatives des personnels au sein de la mairie mais aussi avec chacun des employés municipaux.
 
Comment se mesure la réussite d’une action municipale ?
Une action municipale réussie, c’est parfois tout simplement une ville où le piéton se promène en sécurité, où le cycliste est protégé, où les espaces publics sont propres et où la tranquillité de chacun est assurée. Car sur tous ces points, la mairie peut et doit agir.
La diffusion incessante de magazines sur papier glacé où la ville offre son plus beau visage fausse les choses. Car cette débauche de communication ne suffit plus à masquer les disparités entre les quartiers, la frustration d’une partie de la population et le manque de vision à long terme de l’action municipale actuelle.
La qualité de vie reste sans doute le meilleur critère pour mesurer le degré de réussite de l’action d’une commune, et dans ce domaine, il y a matière à réflexion : développement des incivilités (tags, tapages nocturnes, dégradations en tout genre), retard dans le schéma d’assainissement, gestion approximative de la propreté urbaine et problèmes de circulation sont quelques uns des dossiers épineux qui ont un impact direct sur la qualité de vie des populations et pour lesquels l’insatisfaction est évidente. Des alternatives existent, et j’aurai l’occasion de les évoquer tout au long de notre campagne.
L’ambition que j’ai pour cette ville, c’est qu’elle prenne résolument son destin en main autour de valeurs telles que le respect et la solidarité et qu’elle devienne, au plan régional, une véritable vitrine qui véhicule une image de dynamisme et d’hospitalité.
 
Votre candidature a-t-elle pour objet de régler des comptes ?
Vous savez, je n’ai de compte à régler avec personne. Ma candidature résulte d’une longue réflexion, à la fois personnelle et politique, et elle se présente aujourd’hui comme une sorte d’évidence pour moi.
Au plan personnel, j’ai cinquante ans, j’exerce des responsabilités publiques depuis plus de vingt-cinq ans, et je crois que les gens de ma génération ont le devoir de mettre leur expérience au service de leurs concitoyens afin de préparer l’avenir. Je me sens prêt à exercer cette responsabilité de maire, et quand j’observe les premières réactions de la population, j’ai l’impression d’être tout à fait légitime dans cette démarche, car plutôt en phase avec les attentes des Nouméennes et des Nouméens.
En Nouvelle-Calédonie, les élections municipales ne peuvent être isolées du contexte politique général et chacun ici connaît la nature et la force de mes convictions. Nous avons tous été témoins de la formidable évolution qu’a connue la société calédonienne depuis trente ans et l’équipe qui sera aux commandes de la mairie pendant les six prochaines années devra impérativement être le reflet de ce chemin parcouru. Cette équipe devra représenter les aspirations de la Calédonie d’aujourd’hui, et elle devra se donner les moyens de préparer l’avenir de nos enfants, un avenir de progrès, de prospérité et d’harmonie.
 
 
 
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