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le blog de Simon Loueckhote

Une fenêtre sur la Nouvelle-Calédonie : politique, santé, social, éducation, francophonie, économie

La crise financière: à force d'excès...

Publié le 2 Octobre 2008 par Loueckhote Simon in Economie - Fiscalité

J'ai souhaité que ce texte, envoyé par un ami, figure sur mon blog. Je rejoins tout-à-fait ses conclusions quant à l'analyse de la crise économique que nous traversons actuellement. Il est très regrettable que les crises économiques graves du passé ne nous aient pas permis de tirer les leçons des risques inhérents au système financier. Notre vigilance doit être accrue en ce domaine, et particulièrement au moment où des solutions radicales doivent être mises en oeuvre. Cette vigilance m'apparait d'autant plus nécessaire que les premières victimes de ces crises sont toujours les franges de population les plus défavorisées. 



"Bien sûr, les banques et les établissements de crédit, aux Etats-Unis mais aussi partout dans le monde, ont accordé trop de crédits faciles pour des achats immobiliers. A des gens qui avaient besoin d'acheter un logement pour s'y installer, ce qui est la moindre des choses, mais aussi à des gens qui voulaient de l'immobilier pour y placer leurs économies ou leurs emprunts bancaires et s'enrichir par la location. Des lois d'exonérations fiscales diverses ont été imaginées pour cela par des fonctionnaires et des politiciens à l'esprit fertile. En France, des lois encore plus avantageuses ont été créées pour favoriser l'achat immobilier Outre-mer, tellement avantageuses que, même si le bien en question ne rapportait rien, restait inutilisé, le promoteur  faisait du bénéfice grâce à la loi qui lui permettait de bénéficier de crédits d'impôts sur l'ensemble de ses autres gros ou très gros revenus.

 

Enfin, on a prêté à des gens qui ne faisaient que spéculer sur l'augmentation forte et continue des prix de l'immobilier, que ces pratiques bancaires provoquaient, poussées par les gouvernements qui pensaient, en les encourageant, entretenir l'emploi, la production de logements et, entre autres, de ces fameux logements sociaux promis à chaque veille d'élection, et le bon rendement fiscal des entreprises du bâtiment et de l'immobilier en général. Le podium olympique des pays qui se sont particulièrement illustrés dans ce sport à haut risque est occupé par les Etats-Unis, l'Espagne et la France, suivis de bien d'autres.

 

A force d'excès, est arrivé ce qui devait finir par arriver : les prix excessifs nécessitant des montants de prêts disproportionnés avec la capacité de remboursement des emprunteurs, pauvres gens à qui l'on prêtait de l'argent qu'ils n'avaient pas encore en pariant sur la plus-value hypothétique à venir de leur maison, ont amené une multiplication des défauts de paiement et des saisies des biens hypothéqués. Car les gens qui achètent à crédit se croient propriétaires et oublient trop facilement et trop vite qu'en fait leur bien appartient à la banque tant qu'ils n'ont pas fini de la rembourser.

 

Ces défauts de paiement et ces saisies ont, en se multipliant, fait plonger la valeur des titres financiers qui étaient liés à l'immobilier, mais dont la valeur ne reposait pas sur le bien lui- même, mais sur la capacité de remboursement des gens qui avaient emprunté. Or, les prêteurs, banques et autres, ont souvent, dans la légalité la plus absolue, revendu les titres représentant les dettes de leurs clients à d'autres organismes financiers qui pensaient ainsi réaliser de bonnes affaires, puisque, jusque-là, tout allait bien.

 

Or, ces organismes financiers, ainsi que de nombreuses banques, avaient fini par accumuler un volume de crédits complètement disproportionné avec leur capital, autrement dit, ils avaient trop peu d'actifs pour garantir les sommes empruntées. Quand les choses ont commencé à aller mal, on a donc brusquement fermé le robinet du crédit, mais pas seulement du crédit à l'immobilier, de tous les crédits à l'économie. Alors qu'hier, on prêtait en fermant les yeux à de gens bien incapables de rembourser, ce que, à Londres, on  appelle le "naked short", la vente à découvert sans provision, on refuse aujourd'hui des crédits même à des gens ou des entreprises solvables ce qui provoque un ralentissement de l'économie.

 

Comme il fallait non seulement fermer le robinet du crédit mais aussi vider la citerne remplie à éclater de prêts en grande partie insolvables, les institutions financières ont voulu éponger leurs dettes en revendant leurs actifs et, en premier lieu, les titres liés à des prêts immobiliers. Seulement l'arrivée massive de ces titres sur le marché a provoqué une forte baisse de leur valeur et a donc aggravé la situation financière des institutions financières. Cercle vicieux que certains ont appelé "le paradoxe du désendettement".

 

Aux Etats-Unis, après la crise de 1929, on a beaucoup réfléchi pour trouver comment éviter une nouvelle catastrophe financière. En 1933, sou la Présidence Roosevelt, tout le monde s'est mis d'accord sur une loi fort simple, la loi Glass-Steagall, qui interdisait le cumul des métiers de banque d'affaire et de banque de dépôt. Et pendant 66 ans, elle a fonctionné à peu près correctement, sans entraver le fonctionnement de Wall Street : aucune banque de dépôt ou compagnie d'assurance n'est tombée en faillite à cause des erreurs, des prises de risque exagérées ou de la faillite d'une banque d'affaires.

 

C'est Bill Clinton, un président démocrate, qui a fait abroger la loi Glass-Steagall en 1999 pour favoriser la constitution de Citygroup. A partir de là, ça a commencé à déraper. En France, celui qui a le plus fait pour déréglementer les institutions financières, c'est Pierre Bérégovoy, ce qui a facilité le travail de Jospin pour reprivatiser  plusieurs sociétés  nationalisées. Chirac et Sarkozy ne sont pas parfaits, mais ils ont hérité d'un système déréglementé par les socialistes.

 

La loi Glass-Steagall obligeait les institutions financières à choisir leur camp. Elle disait en substance : si vous voulez travailler avec les particuliers, très bien. Prenez leur argent en dépôt, trouvez-leur des placements sûrs pour leur épargne et accordez-leur des prêts raisonnables dont vous serez autant responsables que les emprunteurs. Vous êtes, dans ce cas, une banque commerciale, une société d'assurance fédérale (gouvernementale, du type Caisse des Dépôts) la Federal Deposit Insurance Corporation, garantira les dépôts de vos clients s'il vous arrive un malheur. Mais si vous souhaitez lever des capitaux par le biais d'investisseurs spéculateurs, que ce soit dans le pays ou à l'étranger, pas de problème, vous êtes libres de le faire. Seulement, à ce moment-là, nous considérons que vous êtes une banque d'affaires et vous ne bénéficiez pas de notre protection et de celle du FDIC. De plus, vous devez cesser de collecter l'épargne des particuliers et il vous est interdit d'utiliser leurs capitaux pour financer vos activités boursières. 

 

C'était simple, mais clair : l'épargne des ménages et les capitaux spéculatifs ne pouvaient plus être mélangés au sein de la même institution financière.

 

On accuse aujourd'hui les banquiers, leurs conseils d'administration, leurs actionnaires, leurs conseillers-clientèle  et leurs traders d'être responsables de la crise parce qu'ils ont voulu réaliser trop de profits. Et c'est vrai, ils en ont réalisé, et des gros. Mais alors que n'importe quel croupier dans un casino, n'importe quel bookmaker dans un tripot s'assure que son client a l'argent correspondant à sa mise, eux prêtaient, prêtaient, prêtaient… et se refilaient ensuite les savonnettes. On dit maintenant, et même en très haut lieu, qu'il faut qu'ils paient leurs erreurs et soient sanctionnés durement. Sans doute. Mais c'est quand même un peu facile !

 

Avoir trouvé un bouc émissaire arrange tout le monde, comme cela arrangeait tout le monde quand ceux qui manquaient de moyens financiers trouvaient auprès de leur banque de l'argent pour se payer un appartement ou une villa, quand ceux qui regorgeaient de moyens financiers tiraient de profitables avantages fiscaux des lois de complaisance concoctées par des gouvernements qui, eux, pensaient en tirer à terme un gros bénéfice fiscal et électoral en ayant "développé", comme ils disaient, le secteur du bâtiment et de l'immobilier.

 

Qui a commencé, dans les années 1980, à emprunter de l'argent virtuel pour financer de la consommation et non de l'investissement, pour payer des dépenses, les agios de la dette nationale qu'ils contribuaient à gonfler, des fonctionnaires embauchés à gogo ? Qui a voté des lois pour que les organismes financiers puissent créer encore plus d'argent en imaginant des instruments financiers qui multiplieraient cet argent fictif par effet de levier ? Qui a fait fonctionner la planche à billets alors qu'une saine gestion, celle dont le pauvre Trichet tant décrié s'efforce de rester le garant, veut que l'on n'imprime la monnaie d'un pays qu'au fur et à mesure de la progression de sa richesse réelle ? Qui, sinon, en France, les Mauroy, les Fabius, les Juppé, les Cresson, les Giscard, les Jospin, etc. ?   Qui, aux Etats-Unis, a baissé le taux de la FED jusqu'à 1%, faisant croire aux organismes financiers qu'il y avait beaucoup d'argent disponible et qu'il fallait absolument le vendre aux acheteurs d'immobilier du coup pressés d'emprunter à bas prix ?

 

Maintenant que le mal est fait, l'inénarrable Paulson, le type qui, paraît-il, va sauver la finance de la Planète en trouvant 700 ou 1000 milliards de $, parie sur le fait qu'en rachetant les actifs pourris des organismes de prêt, il va stopper la machine infernale. Mc Cain et Obama sont tombés dans un piège. Car, où Zorro va-t-il trouver l’argent ? Les journalistes croient avoir trouvé la réponse : en taxant chaque Américain de deux ou trois mille $ ! Mais non, brave mais naïf gens, on ne le fera pas, ce serait trop impopulaire. D'abord les deux candidats ont dans leurs programmes des baisses d'impôts, pas des hausses d'impôts, et ils ont raison, on devrait les imiter chez nous. Et puis, ce serait comme d'habitude, les très pauvres et les très riches ne paieraient rien. Les premiers, parce qu'ils ne peuvent pas, les seconds, parce qu'ils auront des conseillers financiers pour leur trouver le moyen de s'exonérer. Ce sont donc les forces vives, salariés, entreprises, mais aussi retraités, artisans, commerçants qui paieraient, justement ceux qu'il ne faut pas taxer encore plus qu'ils ne le sont déjà parce qu'ils font vivre le pays par leur travail ou l'argent qu'ils dépensent.

 

Donc on trouvera l'argent ailleurs, en vendant des bons du Trésor où d'autres titres à la Chine, à la Russie, aux pays arabes qui accepteront parce qu'ils ont plein d'argent et qu'ils ont aussi besoin que l'Occident continue à leur acheter leurs produits énergétiques et leur pacotille. Mais, eux, pas bêtes, ils exigeront du solide en contrepartie : des participations dans les entreprises, un droit sur les finances de nos pays.

 

Maintenant, est-ce la bonne solution ? Peut-être, si à court terme ça rétablit un minimum de confiance, mais pas sûr. Si l'argent sert uniquement à sauver des établissements financiers, il aura servi à sauver des crapules, "cash to trash". Il vaudrait mieux subventionner la recapitalisation des entreprises financières par de nouveaux actionnaires capables de faire le ménage dans les conseils d'administration où le recrutement se fait trop souvent par cooptation de copains et de coquins. Mais, surtout, éviter une nationalisation larvée qui reviendrait à mettre des fonctionnaires dans les conseils d'administration. Les fonctionnaires administrateurs on sait ce que ça donne, on a assez payé pour cela : pensez au Crédit Lyonnais !

 

Quant on regarde la crise actuelle, on s'aperçoit que ce n'est pas le volume des emprunts douteux du marché immobilier qui a fait capoter le système, parce qu'il est faible en comparaison des endettements considérables des banques sur les marchés spéculatifs. Les banques sont suffisamment riches pour supporter les pertes sur l'immobilier, mais pas assez pour supporter les énormes pertes qu'elles sont accumulé en bourse et en spéculant, comme BNP et Dexia qui ont acheté plusieurs centaines de millions d'euros de titres de Lehman Brothers la veille de sa mise en faillite !"    M.D.

 

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I
La plupart des commentaires évoqués sont aujourd'hui dépassés. Nous enregistrons une baisse généralisée des taux d'intérêts des banques centrales, le japon en tête avec un taux actuel de 0,30%, des taux pratiquement jamais atteints, a contrario, une baisse généralisée des matières premières et principalement des métaux, les graphes des programmes informatisés sont tous dans le rouge. Ces programmes dans l'état actuel de la situation financière et économique mondiale sont obsolètes. C'est l'entièreté de notre système économique qui doit être revu et principalement les instruments de bourse qui permettent à des individus ou à des sociétés de pouvoir faires des opérations et des interventions sur des marchés en n'ayant pas le capital nécessaire pour répondre de leurs engagements.<br /> achat or
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